Tagada, tagada, voilà les Dalton… Messieurs les Dalton, s'il vous plaît ! Car désormais, les quatre frères sont des vedettes. D'authentiques stars. Des personnalités du show-business. Bref, des gens respectables… Incroyable ? Mais vrai, pourtant. Et, pire encore, c'est la faute de Lucky Luke… Explication : au début de ce nouvel album, le cow-boy solitaire croise la route d'un certain Colonel Cody, plus connu sous le pseudonyme de Buffalo Bill. Lequel Buffalo Bill anime le "Wild west show", un spectacle itinérant qui raconte les grandeurs de la conquête de l'Ouest. Quand il propose à Luke de rejoindre sa troupe, celui-ci décline poliment mais fermement son invitation. Et lui suggère d'engager les Dalton, "les bandits les plus légendaires de tout l'Ouest". Lui, discret comme à son habitude, prétend n'avoir rien d'une légende. "Ma contribution à l'histoire de ce pays est bien modeste", déclare-t-il en sellant son vieux Jolly Jumper avant de partir dans le soleil couchant. C'est alors que Buffalo Bill décide d'engager quatre bellâtres et de leur faire jouer le rôle des quatre bandits fameux. Lesquels, après avoir appris qu'ils sont devenus célèbres, décident de s'évader (comme toujours) et de monter leur propre spectacle, aidés par un ancien codétenu qui s'improvise leur manager. Mais il est plus difficile d'assumer un statut de star que de faire réciter les tables de multiplication à ce pauvre Rantanplan… Et voilà les quatre frangins harcelés par le public, courtisés par la presse et en train de se chamailler. Décidément, la vie de star n'est pas drôle tous les jours ! La Légende de l'Ouest est un album au goût particulier : c'est en effet l'ultime aventure de Lucky Luke achevée par Morris, son créateur. Disparu en juillet 2001, le "père" de l'homme qui tire plus vite (et même deux fois plus vite…) que son ombre laisse derrière lui une des œuvres les plus remarquables de la bande dessinée. Son personnage lui survivra-t-il ? Nul ne le sait. En tout cas, il restera l'un de ceux qui ont le plus frappé les imaginations. La notoriété de Lucky Luke auprès du public est phénoménale. Et l'influence de Morris sur ses jeunes collègues dessinateurs ne le fut pas moins, même si son style est toujours resté inimitable. Avec ces clins d'œil au dessin animé, cette incroyable énergie du trait et ces aplats de couleurs qui donnaient une tonalité quelque peu surréaliste à bon nombre de ses aventures. Morris est mort, vive Lucky Luke ! --Gilbert Jacques